damn, if these walls could talk. (ruben #1)

La fin de l’été, la fin de ces hautes températures, des baignades jusqu’à pas d’heures, de ces nuits passées à danser et à s’amuser. C’était bientôt la rentrée et Jade se sentait déprimée. Ces deux mois étaient passés à vitesse grand V et tout ce que Jade arrivait à penser, c’est qu’elle n’avait pas assez profité de ces deux mois. Elle ne pensait pas à ces soirées énormissimes auxquelles elle avait été conviée ni de ces journées passées à la plage avec sa meilleure amie mais plus à ces garçons qu’elle avait mis dans son lit. Tous ces inconnus, ces garçons qu’elle côtoyait à peine au lycée qui se retrouveraient tout à coup sous sa couverture, elle s’en voulait. Tout ça a débuté lors d’un pari lancé avec sa meilleure amie avant le début des vacances d’été, elles s’étaient dit que c’était la saison parfaite pour coucher avec pas mal de garçons. Jade a accepté, elle se disait que ce serait drôle d’essayer de nouvelles choses, que ça lui ferait un bien fou de sortir la tête de ses cahiers de révisions et de sortir s’amuser un peu… M’ouais, tu parles. Au début, elle trouvait ça marrant, elle en parlait pas mal avec Oz, fière de son parcours relationnel, si on peut appeler ça comme ça. Puis elle les a enchaînés, puis elle a enfin pris conscience de l’importance que ce pari merdique avait. Et si ça s’apprenait, et si elle se faisait une réputation de fille facile, de garce ? Jade, elle est dégoûtée. Elle a passé ses vacances à ne rien faire, à ne réaliser aucun de ses nombreux rêves. Tout ce qu’elle a fait, c’est se glisser sous les draps de nombreux garçons, plus répugnants les uns que les autres et ça, elle s’en rappellera toute sa vie.

Puis il y a eu Ruben. Cet homme qui a tout changé, celui qui lui a fait prendre conscience de certaines choses, qui l’a faite arrêter. Ruben, elle le connaît depuis quelques années déjà. Elle le voyait quand elle venait se baigner avec sa fille, quand Oz l’invitait à dormir chez elle, quand elles se voyaient sans savoir quoi faire et qu’elles se décidaient à errer dans la demeure familiale. Ruben, elle ne lui a jamais parlé plus que ça, elle se limitait à de simples bonjours, au revoir. C’était lui qui lui ouvrait et qui l’autorisait à rejoindre sa fille quand elle venait toquer à sa porte pour passer un bon après-midi avec sa fille. Mais plus les années sont passées, plus le regard qu’elle avait sur lui a changé. Jade a toujours dit à sa meilleure amie à quel point son père était craquant, plutôt bien foutu sous formes de blagues. C’est vrai, elle le trouvait pas mal mais ne s’est jamais imaginé pouvoir un jour développer une quelconque relation avec lui. C’est un homme beaucoup plus âgé qu’elle et qui a certainement d’autres hobbies, une différente culture que celle d'une gamine de dix-neuf ans, puis c’est surtout le père de sa meilleure amie. Mais Jade, elle a fini par le charmer. Des petits sourires par-ci, de jolies paroles par-là puis ses lèvres se sont retrouvées sur les siennes. C’était beau, c’était comme un rêve pour elle, un rêve qui a pris fin après une partie de jambe en l’air. Elle est partie avec des étoiles dans les yeux, elle avait enfin mis la main sur un trésor qu’elle n’aurait jamais pensé pouvoir conquérir puis… plus rien. Ils ne se sont plus parlé, n’ont plus échangé aucun regard durant ces dernières semaines de vacances. Jade est venue de nombreuses fois chez les Breckenridge mais n’a jamais tenté d’entretenir une conversation avec lui. Ils n’étaient jamais seuls, et elle se sentait un peu mal à l’aise. Alors, elle n’a rien fait. Puis la semaine dernière, Jade a appris qu’elle était enceinte. Toutes ces parties de jambe en l’air lui ont donné le droit à un enfant, malgré les quelques protections qu’elle a utilisées. Est-ce que l’enfant est d’un de ces hommes, est-ce qu’il est de Ruben ? Elle a des doutes, mais elle sait que Ruben est l’une de ses seules conquêtes avec lesquelles elle ne s’est pas protégée.

Avec cet évènement, la rentrée et la fin des vacances, elle s’est dit qu’il fallait mettre les choses au clair, qu’il fallait discuter. Alors elle est sortie de chez elle puis elle s’est décidée à aller taper chez Ruben après s’être assurée que sa meilleure amie ne serait pas chez elle, merci les réseaux sociaux. Le doigt sur la sonnette, elle était nerveuse, hésitait à appuyer sur ce fameux bouton. Elle était perdue, et elle n’était pas prête pour ce moment de malaise dans lequel elle s’embarquait. Mais elle a quand même sonné, se mordillant la lèvre nerveusement, les mains derrière le dos… C’est parti.